La pourriture de fourchettes (PPF) : petit guide à l'usage des propriétaires

La pourriture de fourchettes (PPF) est une affection commune des pieds du cheval, pourtant je remarque que beaucoup de personnes ont des difficultés à la gérer et à la soigner tant les produits de soin et les conseils, parfois contradictoires, sont nombreux. Je vous propose ici de vous partager quelques conseils de soin et gestion de cette pathologie, qui me semblent être les plus efficaces.

De quoi on parle ?

La pourriture profonde de fourchettes (PPF), bien connue de tous les cavaliers et propriétaires de chevaux, survient majoritairement en hiver ou lors de fortes périodes d’humidité pour les chevaux vivant dehors. Elle peut également toucher (et touche majoritairement) les chevaux au boxe ayant peu de sorties.

Il s’agit de bactéries ou champignons qui s’installent dans la fourchette faite de corne « molle ».

La PPF s’identifie simplement : on remarque que la lacune médiane de la fourchette se creuse et crée une fente caractéristique.

Attention #1 : ne pas confondre pourriture et mue de fourchette : la mue se caractérise par des petits morceaux de la fourchettes qui se détachent. C’est un processus complètement normal

La PPF peut être plus ou moins sévère, elle est douloureuse et peut aussi engendrer des boiteries et/ou des compensations qui sont néfastes à long terme, comme un cheval qui marchera en pince pour soulager l’arrière de son pied par exemple.

Attention #2 : ce n’est pas parce qu’un cheval ne boite pas qu’il n’a pas mal. Beaucoup sont très résilients

Quelles sont les causes ?

  • Environnement : comme dit plus haut, l’humidité, la boue, les chevaux stagnants dans le fumier etc. sont des causes courantes d’une PPF
  • Parage : un mauvais parage (notamment des talons mal gérés), ou l’absence de parage peuvent être liés à une PPF
  • Mouvement : un cheval qui bouge peu (en boxe ou collé au ratelier…), qui ne se déplace pas en terrains variés et sur des sols plus durs va également avoir tendance à présenter une PPF
  • Alimentation : parfois l’alimentation peut également jouer sur la qualité des pieds et des fourchettes. Ainsi, une alimentation de mauvaise qualité, trop riche en amidon ou un CMV (complément minéraux et vitamines) inadapté peuvent aller jusqu’à provoquer une pourriture.

 

Bien souvent, plusieurs de ces facteurs sont en cause.

Que faire ?

Comme toujours, la compréhension de la ou des causes est essentielle pour venir à bout de toutes les affections qui peuvent atteindre nos animaux.

Environnement : si vous le pouvez, améliorer l’environnement de vos équidés. Mais je sais, ce n’est pas toujours possible. 

Il faudra donc prévenir un maximum l’apparition de la pourriture en anticipant et en apportant des soins préventifs. Personnellement je conseille l’huile de cade ou l’argile verte (avec du tea-tree notamment) appliquées régulièrement sur les fourchettes. On évite le goudron de Norvège qui a tendance à enfermer l’humidité dans les pieds.

Parages : Parer régulièrement, l’arrière du pied doit fonctionner et la fourchette jouer son rôle amortisseur. Mieux elle fonctionne, mieux elle se développe et peut faire face aux pourritures. 

Par exemple certains chevaux ont naturellement les talons hauts et seront peut être plus facilement sujets aux PPF, il parait nécessaire de parer plus souvent et de ne pas hésiter à passer un petit coup de râpe sur vos talons régulièrement pour garder l’arrière du pied fonctionnel.

Mouvement : garder le cheval en mouvement, marcher sur des terrains durs, macadam, de manière régulière pour stimuler les pieds.

Soins locaux

Enfin je vous partage le protocole de soins (à appliquer en local) que je conseille en cas de PPF. Je vous propose ici une marque en particulier pour sa qualité mais je suppose qu’il existe d’autres produits du même type. Vous pouvez aussi réaliser des DIY de ces produits à la maison (il existe pas mal de recettes différentes sur internet, mais n’ayant pas encore testé je ne préfère pas donner mon avis pour le moment !)

  • Désinfecter/nettoyer : La PPF étant due à la présence de bactéries ou de champignons, il est important de bien nettoyer le(s) pied(s) atteint(s). Je conseille le Sole Cleanse de chez Red Horse, mais du vinaigre de cidre couplé à de l’huile essentielle de tea tree peut aussi fonctionner. Selon la gravité de l’atteinte, il faudra renouveler les soins tous les jours en cas d’atteinte grave. En prévention vous pouvez nettoyer une fois par semaine selon les risques (humidité, chevaux plus ou moins à risque, hauteur de talons…)
  • Soins : Je recommande d’utiliser du Hoof stuff (toujours de la même marque mais il en existe d’autres), il s’agit d’une pâte à base d’argile, huiles essentielles et fibres qui permet de boucher la lacune. L’application n’étant pas super simple quand on ne connait pas, je vous recommande d’utiliser la pointe de votre cure-pied pour prélever un peu de produit et pour l’enfoncer (délicatement) dans la lacune. N’hésitez pas à demander à votre professionnel(le) de vous montrer !
  • Prévention : Pensez à vérifier l’état des fourchettes de vos équidés régulièrement. En automne et hiver vous pouvez appliquer Artimud (équivalent du Hoof stuff mais sans les fibres) sur la fourchette, cela assainira et préviendra l’apparition des pourritures liées à l’humidité.

Attention : la javel peut être nécrosante, je ne la conseille donc pas. Si votre cheval accepte les bains de pieds, préférez le bicarbonate de soude dans l’eau à la javel.

Si les causes sont bien identifiées et les soins bien réalisés de manière régulière vous devriez vous sortir de cette mauvaise passe 🙂

Ca ne fonctionne pas ? N’hésitez pas à demander conseil aux professionnels qui suivent vos chevaux, parfois l’intervention d’un nutritionniste équin ou d’un shiatsuki pourra aussi vous aider (en plus de votre podologue évidemment !)