Point pathologie : soins et suivi de la fourbure
Après avoir défini la fourbure dans mon précédent article, je vous propose cette fois de parler soins et prévention (tant qu’il est possible) de cette pathologie ainsi qu’un bref point sur le suivi du cheval en podologie.
Que faire en cas de crise ?
Je rappelle avant tout que je ne suis pas vétérinaire et que je ne peux que vous encourager vivement à contacter votre vétérinaire le plus rapidement possible en cas de suspicion de crise de fourbure. Le podologue ou maréchal-ferrant suivra dans un second temps et pourra agir en fonction des conclusions et préconisations du vétérinaire référent.
Vous pouvez toutefois aider votre cheval en cas de crise en soulageant la douleur :
- les bains de pied : si votre équidé les accepte vous pouvez lui baigner les pieds touchés par l’inflammation dans l’eau (très) froide (vous pouvez même ajouter des glaçons, sans blague). Il existe aussi des bottes de soins spécifiques pour ce type de soin. Cette solution n’est pas à négliger car elle soulage énormément la douleur du cheval et sollicite la circulation sanguine dans les pieds. Les bains de pied ont des vertus de réduction de l’inflammation et de revascularisation du pied.
- l’aspirine : elle permet d’améliorer la circulation sanguine mais agit également comme un antidouleur. Evitez les anti-inflammatoires en dehors de tout avis vétérinaire dans le cadre de la fourbure.
Faut-il mettre mon cheval au box ? A évitez… Le fait d’avoir un cheval complètement statique au box n’aidera en rien, il faut que le sang circule et pour cela malheureusement il faut un peu de mouvement…
Mais aussi en mettant des « semelles » :
- si vous le pouvez, une paire de chaussures de soin (les Cloud notamment) soulagera beaucoup votre cheval.
- Vous pouvez également créer vous même une semelle de fortune pour atténuer la douleur : avec une planche de piscine ou une semelle spécialisée que vous venez scotcher sous le pied de votre cheval. Ce n’est pas esthétique mais ça fonctionne, c’est abordable et votre cheval vous remerciera !

Suivi et prévention en phase dite chronique
- Test des maladies endocriniennes et traitement adapté :
Pour traiter au mieux votre cheval atteint de fourbure, un test à réaliser par votre vétérinaire pourra être effectué afin de savoir si l’origine est de cause endocrinienne. Pour le test Cushing, il se fait de préférence à l’automne. Vous pourrez par la suite traiter le problème, que ce soit en médication sur ordonnance, en phytothérapie ou autre. Un traitement adapté et mis en place par votre vétérinaire sera indispensable à l’amélioration de la fourbure de vos équidés.
- Alimentation et mise à l’herbe :
Un suivi de l’alimentation de votre cheval devra également être mis en place. Pour les chevaux au pré à l’année ou en partie, un contrôle de la mise à l’herbe et des quantités ingérées pourra être fait (panier, réduction des parcelles…). A savoir que l’herbe sera plus ou moins riche en sucres en fonction des saisons et des températures : attention lors des périodes très sèches ou très froides, mais aussi lorsque l’écart des températures entre le jour et la nuit est élevé. Lors de ces périodes préférez une mise à l’herbe le matin et en début de soirée/nuit où l’herbe sera moins chargée en sucres que l’après-midi (l’ensoleillement joue également un rôle dans le processus).
- Compléments alimentaires :
Des compléments à base de plantes préventifs existent pour les chevaux fourbus. Vous trouverez par exemple le « Protec’ fourbure » ou le « Nav X gold » de chez Hilton herbs. N’hésitez pas à demander conseil à votre vétérinaire, podologue, ou même à vous diriger vers un nutritionniste ou un naturopathe pour mieux vous orienter dans le choix du complément à donner.


Le parage
Enfin, le suivi de votre cheval par un maréchal-ferrant ou un podologue équin sera essentiel. Je vais évoquer ici des solutions concernant le cheval pied-nu (à savoir qu’il existe également des maréchaux spécialisés dans les ferrures en cas de fourbure et d’autres méthodes spécifiques à la maréchalerie).
Garder le cheval fourbu pied-nu est toutefois possible, mais demandera une grande régularité dans le suivi des parages qui devront être adaptés à la pathologie. Les radiographies des pieds sont vivement conseillées (voire impératives) pour pouvoir assurer un bon suivi de la fourbure, l’état de la troisième phalange ne pouvant se mesurer que par l’imagerie médicale.
Ainsi, les parages devront être plus rapprochés qu’à l’ordinaire. Pour une prise en charge de la fourbure, les professionnels du pied-nu s’accordent à dire que le délais idéal entre les parages est de 3 semaines jusqu’à amélioration du cas et réduction notable de l’inflammation.
Lors du parage, on veillera à abaisser les talons (de préférence progressivement), ce qui soulagera le cheval en diminuant notamment la pression de la troisième phalange sur la sole, et favorisera un meilleur posé du pied et une meilleure circulation. La pince sera raccourcie et la paroi parée de manière à ne plus toucher le sol en pince. La sole devra être préservée.
Il sera également possible de poser des bandes de résine PHW (avec ou sans plaque en mousse) pour soulager le cheval temporairement en cas de crise.
Allez plus loin : conseil lecture
Conseil lecture : « La fourbure : comprendre, guérir, prévenir » de Remco Sikkel (paru chez aux éditions Chezchevaux.eu).
Un ouvrage très complet sur le sujet, vous y trouverez tous les éléments d’anatomie nécessaires, les explications essentielles à la compréhension de la fourbure, les théories et causes de la maladie, mais aussi un chapitre très dense et très complet sur le traitement et la prévention de la fourbure, divers conseils sur la gestion des conditions de vie des chevaux fourbus et un chapitre consacré aux ânes.
Le tout est bien illustré, le travail de vulgarisation est bien réalisé et accessible à tous. Le livre dispose d’une bibliographie complète sur le sujet ainsi qu’une nomenclature botanique pour les plus curieux.
Je ne peux que vous encourager à vous le procurer !
